L’Ötztal à ski
De Melag à Obergurgl
Des glaciers enfouis sous un univers blanc taillé pour le ski.
Le Tyrol tout en haut.
6 jours
14 km/jour
1050 m dénivelé / jour
Au fil des jours
Le Tyrol nous réserve un ciel tout bleu, un blanc manteau juste suffisant, mais nous entrons en haute montagne, moroses de cette guerre ukrainienne qui rend notre activité bien dérisoire… Si seulement le Fil de l’Europe pouvait être cette belle ligne de paix et de nature qui connecte tous les hommes du continent ! La première étape est longue, sauvage par le Weisskugel pass (1700m de dénivelée) pour prendre pied sur le Hintereisferner glacier tout poudre.
La belle descente devient terreuse, sableuse, enchâssée entre des éboulis immenses. Nous sommes mi-mars et l’enneigement est digne d’une fin avril d’antan. Le réchauffement climatique est à l’œuvre partout, les glaciers fondent, les périodes sans neige assèchent l’environnement montagnard.
Qui de nos politiques, a conscience de la gravité des situations à venir ? Aucun n’était déjà suffisamment visionnaire pour prévoir le Covid, la guerre en Ukraine, alors qu’il existait des alertes. Et pour le réchauffement où tout se voit déjà, qu’attendons-nous pour changer de paradigme et nous adapter fondamentalement à ce problème irréversible ? Morosité de mes pensées sur cette descente entre blanc sale et bleu laiteux.
Le second jour, nous passons à la stèle d’Oetzi, le chasseur qui nous a légué tant d’informations par sa momie. Il est mort, là, à près de 3000 mètres, il y a 5300 ans. Avec son bonnet en peau d’ours, ses vêtements de cerf et chamois, son carquois encore souillé des animaux et ennemis tués, il devait avoir fière allure. Était-ce la sépulture d’un chef ou un accident ? Comment imaginer le monde dans 5300 ans ?
Nous apprécions le confort du refuge Similaun à 3000 mètres avec ses couettes douillettes, ses chauffes chaussures, sa tireuse à bière. L’Autriche est un vrai pays de montagnards et en ce samedi soir, notre abri luxueux est plein ! Au passage, nous faisons l’ascension du Similaun, magnifique sommet de 3600 m d’altitude avec un final alpin. Tout autour un panorama de pics à l’infini : Ortles, Bernina, Dolomites de Brenta, de la Marmolada et une kyrielle de sommets anonymes pour nous.
Malgré une neige dure, ourlée de vaguelettes traitres, de nombreux skieurs tyroliens évoluent sans difficulté… Une grande combe en meilleure neige nous amène au classique refuge Martin Busch niché sur son promontoire. Nous poursuivons vers l’est. Bien nous a pris, les versants ouest sont déneigés, les est et nord en bonne neige, poudre ou transformée. Le col SchalfKogel est un splendide passage avec une montée variée, raide, voire très alpine pour son final. Sur le versant oriental, nous glissons en grandes courbes sur le glacier. Plus bas, la pente d’accès au glacier Gurgler est engagée, mais passe bien, heureusement par grand beau temps. Nous terminons cette journée mémorable par le spectaculaire canyon d’accès au refuge Langtalerek. Passages en crampons par le fond de la faille, marche « allégée » sur glace et eau tourbillonnante, ski technique au-dessus des bédières… la sanction peut être la baignade !
Ce dernier refuge est le meilleur. Gardiens adorables, terrasse abritée au soleil, yodles tyroliens, bière et re-bière. Le temps se couvre. Malgré tout, nous réussissons l’ascension de l’Hinterer Seelenkogel (3500m) avec un vent du diable. La descente très raide sur l’Italie, au milieu des barres rocheuses, n’est pas envisageable avec du brouillard. Nous revenons sur nos pas. Pentes raides et gelées où il vaut mieux ne pas tomber, froid, vent nous poussent à redormir dans le confort douillet du refuge. Quels contrastes dans ces hautes montagnes de l’Otztal !
Nous terminons en rejoignant la station autrichienne de Gurgl au nom « bizarre », des hôtels partout, des remonte pentes et skidoos, des skieurs harnachés et bariolés… retour dans un autre monde où nous prenons des nouvelles de l’Ukraine. Une journée de bus plus tard, je récupère la voiture au point de départ. Sur le parebrise un mot en Allemand, je me précipite pour me faire traduire. Nous avons embarqué la clé de la chambre du premier gîte ! Une semaine plus tard, je passe leur rendre la précieuse clé dérobée. Le fermier sort de son étable, prend la clé avec un sourire radieux et me serre chaleureusement dans ses bras. Je ne sais quoi dire. Merci l’Otztal, merci Claude et Monique pour ces beaux moments d’aventures partagés loin de la guerre.
- Difficulté 60%
- Hébergement – Confort 60%
Du grand ski, des glaciers peu crevassés, des belles pentes, une fenêtre de bleu, des refuges chaleureux, des copains attentifs, lala’itou!
Détails du parcours
Magnifique raid, plus souvent proposé en boucle, mais il s’intègre pour nous dans le parcours de la ligne de partage des eaux. Il manquait de neige, mais le choix d’aller de l’Ouest (montées peu enneigées) vers l’Est (descentes Est ou Nord mieux fournies en neige) était judicieux. Les glaciers dans l’ensemble sont peu crevassés. Cumul de 85 km et 6200 m de dénivelé (moyenne 14 km et 1050 m par jour). Raid réalisé mi-mars, vérifier l’ouverture des refuges.
J1 / J168 Melag – Weiskugel pass 3362m – Hochjoch hospiz
22 km 1700 m Long parcours, pas de difficulté majeure.
Départ: hôtel Padoellhof dans la vallée, puis bus. Les hébergements à Melag sont fermés en hiver. Arrivée: Hochjoch hospiz– refuge.
J2 / J169 Hochjoch hospiz – Hausabjoch pass et stèle d’Oetzi – Similaun hutte
12 km 1200 m
Similaun hutte
J3 / J170 Similaun hutte – Similaun spitze 3606m – Martin Busch hutte
10 km 700 m Sommet belvédère (derniers 200m en crampons). Très belle descente, plusieurs combes possibles.
Martin Busch hutte
J4 / J171 Martin Busch hutte – Col de Schalfkogel 3375m – Langtalereck hutte
17 km 1300 m Parcours splendide à faire par beau temps. Final raide sur 150m. Accès expo sur le glacier Gurgler (nous n’avons pas suivi la vire finale et engagée du chemin d’été, mais trouvé un passage plus direct à mi-distance sur cette rampe). Canyon d’accès au refuge spectaculaire pour passer les bédières. Risque non négligeable de prendre un bain… le lendemain, un petit groupe a testé !
Langtelereck hutte
J5 / J172 Langtalereck hutte – ascension du Hinterer Seelenkogel 3475m et retour
16 km 1250 m Belle ascension, raide et en neige dure (à la descente, exposée). Le temps couvert et venté ne nous a pas permis de réaliser la très belle descente de 2000m sur Plan Pfelders versant italien.
Langtelereck hutte
J6 / J173 Langtalereck hutte – Obergurgl
7 km 100 m
Bus et train pour retour, sinon haus Aktiv à Obergurgl ou autres hôtels dans la station.
Matériel de ski sur glacier (crampons, piolet, kit glacier, baudrier, corde), même si les glaciers sont peu crevassés. Il vaut mieux avoir du beau temps pour trouver certains passages.
Quelques passages raides et exposés en neige dure. Nivologie à vérifier.
Les tracés et étapes à pied ou en vtt électrique ou musculaire restent à faire, que ce soit avec hébergement ou en autonomie sous tente, ou encore un parcours en sens inverse. Avis aux amateurs, n’hésitez pas à nous envoyer vos traces et commentaires.
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